Souvent les gens qui pratiquent la spiritualité utilisent les mots sanskrits comme Karma, Saddhana, Samskara, Maya, Buddhi, Manas, Atman, Brahman, comme autant de nébuleuses qui font écran entre eux et la réalité avec l’idée que ces mots leur donnent accès à une dimension supérieure.
Or, la grande originalité de Svâmiji est d’avoir traduit en langage moderne les énoncés des Upanishad : « Quand on voit que tout est neutre, quand la vérité, la réalité est connue, alors vivre, se mouvoir parmi les gens devient une source de joie. »
Ce que Swamiji traduit par « neutre », c’est le mot Sanskrit « Brahman ».
La neutralité pour nous c’est ce qui n’est ni bien ni mal, ni désirable ni effrayant, ni impressionnant ni rassurant, ni de droite ni de gauche, ni en haut ni en bas, ni près ni loin, ni noir ni blanc, etc… c’est plutôt une sorte de vide avec un horizon dégagé qui se confond avec l’infini.
Le mot Brahman nous évoque tout à fait autre chose: une divinité exotique mal connue, qu’on imagine facilement avec beaucoup de bras ou avec plusieurs visages, comme quelque chose d’impressionnant, une nature divine qui occupe l’espace et le temps.
Svâmiji utilise des mots simples que tout le monde peut comprendre. Sa traduction renouvelle la signification des écritures anciennes ou plutôt selon lui la restitue dans sa simplicité originale. Cette simplicité en a choqué plus d’un, car chaque personne qui vient voir un gourou s’attend le plus souvent à des révélations mystiques, des initiations mystérieuses, des expériences transcendantes.
Le coup de grâce arrivait avec : « Voyez comme Svâmiji est pragmatique et matérialiste : l’absolu ou la perfection est ici et maintenant, pas au-delà. »
Svâmiji insistait énormément sur le fait que la vérité est simple:
« Pour la réalisation de la vérité, il n’y a aucune arme plus puissante que celle-ci: s’accepter soi-même. »
« Vous devez faire un très gros effort, aussi grand que possible. Pour aller où? Là vous êtes. Tout est ici et maintenant. »
« Quand la perfection est-elle atteinte? Quand on voit que tout est neutre. »
Colette Roumanoff